je me suis réveillée comme une aube mal dégarnie et j’ai eu envie de vous parler de bêtes, de désirs, d’êtres perdus mais joyeux d’une place vide aménagée pour accueillir ce qui dors encore et de la densité d’une fête flottant ici comme une matinée éternelle de la poésie des choses qui animent d’un trait de lumière qui insiste et toujours surprend ; d’images et de sons suspendus.
j’ai voulu construire un château fort à partir du vide, oublier ses douves et éclater ses murs en des gerbes de myosotis
j’ai voulu vous parler d’errance en terres aveugles, d’étendards brandis, de sexes dansant et de bouches en sueurs, d’ombres rouges divaguant dans les rues comme dans un rêve sale et de l’autre là, encore en pleurs, retrouvant le goût sucré salé des larmes de son enfance et de ses désespoirs sans importance. Tout commença peut-être un soir,
(extrait de Parfois il arrive que les fleurs poussent des rochers)
Ma pratique artistique met en jeu les facultés perceptives et expressives du corps. Par ce biais, je cherche à m’immiscer dans ce qui nous traverse avant d’être formulé, dans ce que sens et pense notre chaire. Ces ‘‘savoirs-du-corps’’ sont rendus perceptibles au moyen de pratiques somatiques et d’objets-relationnels ; sont mobilisés le toucher, l’odorat, l’ouïe, la communication gestuelle.
En travaillant l’enveloppe corporelle comme un champ de force à mobiliser, ces objets lient, imagent, composent des histoires, ouvrent à des transmissions. S’activant sous différents formats, ces expériences vécues à deux ou à plusieurs créent des espaces de confiance, d’imaginaires et de paroles.
Réécrits, amplifiées de cut-up, d’autofictions, de références littéraires et politiques, je scénarise ces récits : j’y vois un moyen de continuer l’acte relationnel engagé dans l’expérience. Ma recherche artistique questionne également l’agentivité de l’écriture et de la parole aujourd’hui : qui parle ? d’où parle-t-on ? comment et pourquoi ?