Artiste-autobiographique et enseignante d’arts visuels dans le Secondaire, Johanna poursuit sa démarche artistique qui s’est amorcée il y a dix ans, celle portant sur la thématique de la famille, des récits intergénérationnels en images, de la transmission des souvenirs, puis en approfondissant par l’investigation des sens avec le goût, l’an passé avec son travail Coliva, performance menée avec sa mère, puis cette année avec le monde des odeurs.
Tout a commencé l’année dernière par une odeur particulière croisée dans un bus : celle des pyjamas de l’hôpital, odeur que l’artiste avait pas rencontrée depuis ses huit ans alors hospitalisée pour une leucémie. A partir de cette expérience, elle a voulu recréer par le biais de l’entreprise de parfumerie Firmenich cette odeur et quelques autres odeurs de son enfance pour tester leur pouvoir sur ses souvenirs.
De ces odeurs s’était détachée la plus surprenante et désagréable à la fois : celle du masque caoutchouteux du bloc opératoire.
Au mois de mars 2022, l’odeur est devenue récit par le biais d’un témoignage et à partir de là, cette odeur s’est imposée comme une évidence. Cette odeur racontée était plus forte que l’odeur elle-même : car cette dernière était une odeur subjective.
Le hasard de la vie a fait connaitre Laura (pseudonyme) à Johanna, la jeune fille que vous entendez, qui a vécu une expérience similaire à celle de l’artiste. Cette odeur qu’elle a reconnue est exactement la même qu’elle a ressentie. Sa voix et ses silences nous projettent dans le temps, portés par son émotion, et nous fixe un décor précis. En écoutant ce récit, cette voix nous prend presque par la main pour partager son expérience olfactive. Gentiment, Laura nous emmène dans un récit qui s’amorce avec la réminiscence de l’odeur, et ensuite par l’histoire qu’elle y rattache, et par la question de cette chambre d’hôpital dans laquelle elle se trouvait. Le public se retrouve dans un espace-temps «hors temps» impoondérable pour lui.